J’interromps un instant l’histoire comparée de la pierre et bois (la reprise : demain ou après-demain) pour un événement majeur : le concert des Stray Kids au Stade de France.

Les fans de Caramel vont ouvrir une enquête. Sans doute pour savoir qui sont ces kids. Ils sont stray, égarés. Ils ont trouvé le chemin du Stade.

Acte 1. Le contexte
Hier dimanche, sous la pluie, j’étais aux Tuileries. J’entendais de temps à autres des rumeurs modestes. Je savais ce que c’était car, dans le métro, un message enregistré avait averti que certaines stations de la ligne 1 étaient fermées, à cause du Tour de France.
Aux Tuileries, la foule des touristes, mollement fascinée par le Tour qui passait par là, était surtout préoccupée par la pluie. Les touristes bien sûr savent (nos amis de Marseille grincent des dents) que Paris est le lieu où il faut être. Plein d’événements palpitants ! Tous les jours ! Et même parfois : le même jour !

Une de mes sœurs m’expliquait que, avec le Jardin du Luxembourg, les Tuileries sont un haut-lieu du banc parisien : on en trouve de nombreuses espèces, plus attachantes les unes que les autres, en pierre mais aussi divers modèles en fonte à planches de bois, qu’on est d’ailleurs (ajoutait-elle) en train de restaurer.
Finalement, nous ne sommes pas si loin de nos soucis comparatifs de la pierre et du bois.
Tout à fait intéressant. Ce n’était pas les clameurs lointaines, ni les nuages de plus en plus sombres, qui allaient nous distraire de cette passionnante enquête. En fait, la pluie était bienvenue : elle faisait fuir les touristes, et il était plus facile de photographier les bancs.

Acte 2. Pas de méprise !
Je ne voudrais pas qu’on se méprenne. Qu’on croie que je méprise le Tour. A l’égard du Tour de France, je n’ai que les reproches ordinaires.
D’abord, il ne fait jamais le Tour de la France. C’est un mensonge. Je crois même qu’il est arrivé qu’il aille à l’étranger. C’est une honte.
Ensuite, les coureurs français ne gagnent jamais. Ou plus exactement, depuis des années ils ne gagnent plus. Au début, depuis 1903, ils gagnaient toujours. A partir de 1911, commence le règne des Belges, ce qu’on peut tolérer : ce sont des voisins et des amis ; de même que les Luxembourgeois. Le premier vainqueur italien (alors qu’ils ont, eux, un Tour d’Italie) est en 1924.

Après Guerre, en 1947, nous avons Robic, né dans les Ardennes mais le nom Robic vient du Morbihan. Après quoi viennent quelques Italiens et Suisses, puis l’immortel Louison Bobet, qui inaugure une heureuse domination de la France. Jacques Anquetil en 1957. Il dominera le Tour entre 1961 et 1964. En 1969, arrive un étranger, Eddy Merckx, mais il est Belge, donc pardonné. D’ailleurs, entre 1977 et 1985, nombreux Français.
En 1986, signe des temps, soumission aux Yankees, Greg LeMond emporte le maillot jaune, qu’il retrouve en 1989. Depuis 1986 : plus de Français en jaune. Alors, est-ce encore le Tour de France ?

Acte 3. Loin de la France
Bien sûr, hier sous la pluie bienfaisante, de l’Arc du Carrousel tout propre jusqu’au fond des Tuileries, soit côté Rivoli, soit côté Seine, traversant quelques contrôles bienveillants de policiers de plus en plus humides, je ne remuais pas ces pensées maussades. Les bancs m’occupaient, ainsi que les amusants touristes – c’est toujours un spectacle.
C’est en rentrant que j’ai pris la dimension de ma distraction : funeste dimanche ! J’avais oublié les Stray Kids, le fabuleux groupe de K-pop.
Je maintiens le mot : ‘fabuleux’. On ne sait pas très bien s’ils existent parce que les groupes de K-pop obéissent à des lois illustres : être jeunes, productifs, soumis aux patrons commerciaux, et n’être irritants que juste ce qu’il faut. Être blancs, aussi. La conséquence est que le turnover de ces groupes est mystique : on apprend irrégulièrement, par des canaux spécialisés mais sonores, que tel membre n’est plus un membre, que le groupe, comme l’amibe, a perdu et regagné des bras. Mais le groupe, par la mystérieuse vertu du nom (le linguiste était là !), est identique. Stray Kids.
Si sur Wikipedia français vous tapez ‘Stray Kids’, on vous le définit par ‘Boys Band’. Ah, on se replonge dans l’heureuse convivialité du jazz, Après-Guerre de nouveau, comme avec Jean Robic. Il y a des bands. Mais avec nos Stray Kids, pas d’anciens esclaves ni de musique en caves. Le Stade de France, cette modeste institution de banlieue.

Ces Stray Kids sont nés (le concept, pas les jeunes gens) en 2018 lors d’une émission sud-coréenne de télé-réalité de la chaîne JYP Entertainments. Actuellement, le ‘chanteur principal’ est 양정인 Yang Jeong-in. Il est né en 2001 est son nom de code (ils en ont tous, ou rêvent d’en avoir) est I.N. et il est là depuis 2018. C’est l’idole des ados, même quand ils attrapent 30 ans. Il va à New York comme moi aux Tuileries.
Conclusion

Ne comptez pas sur moi pour dénigrer la K-pop. Ni pour démêler les parts financières cédées et revendues entre les agences qui ‘promeuvent’ ces jeunes gens.
On ne peut pas dire qu’ils soient plein d’avenir. Ils sont pleins de présent. Tout le monde en rêve, non ? Vous ne rêvez pas d’un peu de présent ?
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
François Jacquesson (28 juillet 2025). Divertissement. Caramel. Consulté le 19 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/14fxt